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  • PIERRE DINAN : « On remue tellement la boue qu’on ne trouve pas de place pour placer les semences »

    ARTICLE PARU DANS LE MAURICIEN | 6 AOÛT, 2015 – 19:00

    Avec le lancement prochain du High Powered Committee sut la stratégie de développement du pays pour les 10 ou 15 prochaines années, l’économie devrait revenir au premier plan des préoccupations mauriciennes. Dans une interview accordée au Mauricien cette semaine, Pierre Dinan passe en revue la situation économique. Il considère toutefois qu’« on remue tellement la boue qu’on ne trouve pas de place pour placer les semences ». Il dit par ailleurs comprendre que par miracle économique « il y aura des politiques favorables à l’investissement, à l’entrepreneuriat et à l’entreprise et nous les Mauriciens nous mettrons la main à la pâte ».

    Un des messages forts de la dernière réunion du Comité de politique monétaire de la Banque de Maurice, dont vous êtes un des membres, est que le pays évolue en dessous de ses capacités. Pouvez-vous nous en parler ?
    Cela fait longtemps que nous opérons en dessous de nos capacités. Cela remonte probablement aux dommages qui nous ont été causés par ralentissement de l’économie mondiale en 2007-2008. Nous sommes une économie qui doit vivre de ses exportations et si nos marchés principaux sont en difficulté, ils achètent moins de nos produits et de nos services, dont le tourisme, et cela ralentit l’activité économique à Maurice, nous forçant à opérer en deçà de nos capacités. C’est ce qu’on appelle un « output gap ». C’est la raison pour laquelle il faut lutter pour arriver à notre capacité de production et nous n’en sommes toujours pas là.

    Tout le monde s’accorde à dire que les investissements tant internationaux que locaux n’arrivent pas en dépit des promesses et des annonces faites concernant des grandes compagnies internationales. Qu’est-ce qui se passe ?
    Je ne prétends pas pouvoir vous donner toutes les explications, mais mon analyse est la suivante. Il y a d’abord un facteur externe provoqué par la crise économique mondiale dans laquelle on commence à sortir pour les États-Unis, mais pas encore pour l’Europe, alors qu’on est en train de voir maintenant que la Chine commence à avoir des difficultés. Elle connaît un ralentissement de sa croissance. Une bonne partie de nos investissements viennent de l’étranger. L’autre explication réside dans les incertitudes pour les investisseurs locaux. L’année 2014 a été dominée par la politique avec les spéculations autour des alliances éventuelles. Ce n’était pas un contexte dans lequel les investisseurs qui aiment la certitude engagent leurs capitaux. Ces derniers ne s’aventurent pas à investir leurs capitaux s’ils ne savent pas où va le marché. Les élections sont arrivées et on a cru qu’un gouvernement nouveau avec de nouvelles attitudes et de nouveaux principes apporterait de la certitude. Et puis on a commencé à remuer la boue, sans doute il fallait le faire, mais on a l’impression qu’après huit mois on remue tellement la boue qu’on ne trouve pas de place pour placer les semences. Ce sont, à mon avis, les principales raisons pour lesquelles les investissements peinent toujours à venir.

    Tout le monde reconnaît que ce qu’on qualifie de nettoyage était nécessaire, mais est-ce que la façon de faire de l’actuel gouvernement est la bonne ?
    Ce n’est pas à moi de porter un jugement sur leur façon de procéder. Il fallait mettre de l’ordre, mais on a l’impression de l’extérieur que cela occupe un peu trop le temps des ministres, or il nous faut des dirigeants qui s’occupent de la gestion du pays. Il faudrait qu’on ait une équipe de ministres qui se consacrent pleinement aux portefeuilles qui leur ont été confiés. Ce qui aurait un dynamisme capable de galvaniser le business. On parle d’économie, mais qui doit mener le bal ? C’est le rôle de la politique de galvaniser la population et créer l’ambiance et les conditions qui amèneront l’investissement local et étranger.

    Quelles sont les conditions nécessaires pour permettre la création de ce dynamisme dont vous parlez ?
    Il serait souhaitable que les ministères responsables de la production définissent clairement leurs politiques. Je pense surtout que la meilleure façon de répondre à cette question est de vous référer au tout récent rapport de la Banque mondiale consacré à Maurice, qui est une véritable prescription de ce qu’il faut faire. Beaucoup d’accent est mis sur l’entrepreneuriat et l’innovation. Je crois qu’il faut créer les conditions où les entrepreneurs et les investisseurs potentiels trouveront des idées, des politiques axées sur l’innovation, les nouvelles technologies, ainsi de suite. Évidemment, il leur revient de trouver des projets, mais on peut aussi les orienter. On nous parle du potentiel des pays africains. On ne nous l’explique pas avec la clarté nécessaire. On parle des smart cities. Cela est perçu comme une appropriation par le gouvernement de certains projets qui existaient dans le secteur privé déjà et qui seront étendus à d’autres nouveaux projets. On en parle, mais qu’est-ce qu’on fait ? À part cette galvanisation dont on parlait, il faut aussi communiquer. Les nouvelles positives ne sont pas nombreuses. L’annonce de l’arrivée de la Banque de Chine, semble-t-il, va dans le bon sens. Le dernier sondage de conjoncture de la MCCI donne une bonne idée de l’esprit général qui prévaut. Il est temps de mettre l’économie au centre des affaires.

    Le Premier ministre doit lancer dans le courant de ce mois d’août le High Power Committee sur la stratégie économique placé sous sa présidence. Cela ne sera-t-il pas l’occasion de le faire ?
    Je ne sais pas comment cela va se faire, mais je trouve que dans les années passées, le Premier ministre réunissait autour de lui des ministres concernés ainsi que les têtes de l’industrie. Il faudrait encore aujourd’hui que tout le monde puisse se retrouver autour d’une table et prendre des décisions ensemble. Il faut instaurer un dialogue constructif entre le gouvernement et le secteur privé. Il faut surtout que le gouvernement définisse le cadre d’encouragement.

    Est-ce que selon vous le pays va mal ? Que disent les indicateurs ?
    Les indicateurs nous disent ceci. Le pays va avoir une croissance de l’ordre de 3,7 % ou 3,8 %. Ce n’est pas une décroissance. C’est bon en soi, mais ce n’est pas assez. Pendant les fameuses années du miracle économique, on faisait en moyenne du 5,5 % de croissance. Par ailleurs, le chômage, à 8 %, commence à prendre une tendance inquiétante. Il y a aussi la dette publique. Notre objectif est de descendre à 50 % du PIB en 2018. Nous sentons qu’elle augmente. On parle de 60 %. Ce n’est pas un drame, mais c’est une tendance. Ce sont les tendances qui ne sont pas bonnes en ce moment. Un paramètre qui est franchement mauvais est le déficit de la balance courante. Ce déficit est estimé à 10 % du PIB et ce n’est pas nouveau. En termes clairs, nous vivons au-dessus de nos moyens. Il est heureux que nous ayons réussi à le couvrir par des mouvements de capitaux, notamment le FDI, les capitaux provenant du secteur offshore et les investissements dans l’immobilier. Il faudrait vendre plus à des prix susceptibles de nous faire gagner des parts de marché face à la concurrence farouche d’autres pays, d’où l’importance de la production à des prix compétitifs. Ce qui implique une amélioration de la productivité.

    On critique beaucoup le secteur public, mais est-ce que le secteur privé fait un effort adéquat pour produire ? Est-ce que tout va bien dans le secteur privé ?
    On le sent plutôt dans une situation d’attentisme. Il y a un dynamisme qui ne paraît pas dans le secteur des affaires.

    On dit que le secteur privé mauricien est relativement conservateur et prend peu de risques…
    On attend du secteur privé qu’il prenne des risques calculés et qu’il investisse. Mais les projets ne naissent pas comme les champignons après la pluie. Ils requièrent de la recherche, ce qui dépend du temps et de l’argent que veulent investir les acteurs du secteur privé. Puis, une fois des résultats probants obtenus, il faut prendre le risque d’investir.

    Que retenez-vous de l’épisode BAI du point de vue du pays ?
    C’était une chute annoncée. Il était connu dans certains milieux qu’il y avait de gros risques. Il fallait finalement que le couperet tombe. Lorsque vous vous attaquez à un équilibre instable, il faut s’attendre à des dégâts collatéraux et nous en avons. Cependant, à bien regarder, l’État a pris position pour venir en aide à ces victimes. Tant mieux pour elles. On est obligé maintenant de se demander comment cela affectera les finances de l’État, et qui dit finance de l’État dit l’argent des contribuables. Je ne crois pas que nous en ayons fini avec cette affaire BAI. Nous avons besoin d’informations sur l’état de nos finances, et de savoir dans quelles mesures les engagements pris par le gouvernement doivent être à la charge des contribuables.

    Un autre sujet qui nous tient à cœur est l’inflation. Alors que taux de l’inflation est relativement bas, comment expliquez-vous que cela ne se reflète pas sur le panier de la ménagère dans les supermarchés et sur le coût de la vie ?
    Le faible taux d’inflation à Maurice et à l’étranger est largement attribuable à l’activité économique qui n’est pas poussée à son plein rendement. Dans certains pays il y a même une menace de déflation. Le ralentissement des activités fait que les gens disposent de moins d’argent et dépensent moins. Il n’y a pas suffisamment de production. Il n’y a pas de pression sur la matière première sur la main-d’œuvre. Le business est obligé de s’accommoder avec moins de bénéfice. Il n’y a pas de stress sur les prix du capital humain, des matières premières, etc. C’est la raison pour laquelle les prix des commodités et des produits pétroliers ne sont pas très élevés. Nous en savons quelque chose avec le sucre. Concernant le panier de la ménagère, j’avoue que c’est un dilemme. Le panier de la ménagère est établi par le bureau des statistiques. Il ne comprend pas uniquement les produits des supermarchés, il y a le loyer, le transport, les soins médicaux, l’éducation et d’autres éléments. Lorsqu’on me dit que le coût des produits dans les supermarchés est élevé, il faut tenir compte de prix des produits importés puisque la roupie de janvier à mars a déprécié. Cela a été un facteur. Et puis il y a des effets saisonniers. Mais ce n’est qu’une partie de ce qui est tenu en compte pour calculer l’inflation.

    Est-ce que cette dépréciation dont vous parlez est voulue par la Banque de Maurice ?
    Il faut le leur demander. Tout ce que je sais est que le dollar a beaucoup augmenté depuis janvier. Nous avons une monnaie qui flotte. Certains parlent de managed floating. Personnellement je ne sais pas si cela est vrai. Nous avons une monnaie qui varie au gré des valeurs des monnaies fortes.

    Le secteur financier est actuellement dans l’actualité. Pensez-vous que ce secteur vacille ?
    En tant que spectateur externe, je constate qu’il y a des nuages à l’horizon. Il est certain que le secteur des services financiers globaux a pris de l’essor grâce à l’accord avec l’Inde. On sait bien que depuis longtemps les Indiens veulent le modifier. Le point central de tous ces accords est que les plus values soient taxées dans le pays de résidence des investisseurs, c’est-à-dire Maurice et non dans le pays d’opération de ces investissements. C’est le fondement du traité, la pierre angulaire. Si on l’enlève, l’édifice tombe. Aujourd’hui on ne sait toujours pas ce qui se passera. On parle d’incertitude. Il n’y a pas de plus incertain que cela.

    Quels sont les défis qui nous attendent pour Maurice ?
    Notre amour-propre a été peut-être un peu entaché du fait que les Seychelles viennent de devenir un pays à hauts revenus. Nous sommes encore piégés au niveau du groupe de pays à revenus moyens. Le fait est que cela est notre objectif, mais nous sommes piégés en ce moment et la Banque mondiale le fait très bien ressortir. Il nous faut de nombreuses prescriptions pour en sortir : réforme des institutions, recours à l’innovation et à la technologie, le développement de l’économie bleue, ainsi de suite. Comment y arriver ? Par la productivité, la compétitivité au travail, le smart work. Je trouve que ce défi comporte encore un autre problème, à savoir que nous avons une population vieillissante. Je suis loin de m’élever contre les seniors dont je suis, mais on a besoin d’idées nouvelles. Dans ce siècle où on ne parle que de la technologie, on a besoin aussi de jeunes formés. Or notre population vieillit, mais il faut que le bas de la pyramide s’élargisse. Un de nos défis consiste à améliorer la fertilité mauricienne. Nous sommes un pays qui veut se développer, nous avons un taux de fertilité similaire aux pays développés dont l’Espagne, l’Italie et des pays d’Asie, soit de 1,4 alors que pour que la population se stabilise il faut un taux de fertilité de 2,1. Statistics Mauritius a calculé que dans 18 ans, en 2032, la population de Maurice va baisser. Résultat, nous aurons beaucoup de vieux et pas suffisamment de jeunes. Nous ne pourrons développer ce pays à moins d’avoir recours à l’immigration. Je ne suis pas contre, mais cela ne peut être qu’un nombre limité. Nous avons besoin d’une population autochtone formée, d’une économie du savoir avec davantage de Mauriciens. Même si on arrivait à ce niveau de pays à hauts revenus, nous risquerions d’avoir beaucoup de difficultés à le maintenir à ce niveau, si la population baisse. Un dernier défi est qu’avec la croissance, il y a un risque que les inégalités se creusent, les inégalités de revenus notamment. Dans le cas de Maurice, la classe riche et la partie haute de la classe moyenne se tirent bien d’affaire. La Banque mondiale estime que la partie basse de la classe moyenne et les pauvres représentent 40 % de la population. Il y a des inégalités qui se creusent. On ne pourra développer un pays de manière durable avec des inégalités. Il revient au gouvernement de subventionner les faibles et d’aider les pauvres. Il doit revoir sa politique sociale et toute sa pratique d’aide universelle et travailler à un ciblage qui viendra en aide à ceux qui en ont besoin.

    Croyez-vous dans le miracle économique ?
    Je ne crois pas au miracle économique. Nous avons eu le miracle économique des années 1980/90 parce qu’il y avait eu de bonnes politiques gouvernementales. La population avait réagi positivement et avait travaillé. Les années 1970 étaient marquées par des années de combats politiques féroces où l’économie était l’enfant pauvre. Dans les années 1980, la politique a pris sa place, mais l’économie était devenue au-devant de la scène aussi bien pour les politiciens que pour la population. C’était cela, le miracle. Lorsqu’on nous annonce qu’il y aura un miracle, je comprends qu’on veut nous dire qu’il y aura des politiques favorables à l’investissement, à l’entrepreneuriat et à l’entreprise et nous les Mauriciens nous mettrons la main à la pâte. C’est le travail assidu, le sérieux et le dû donné à chacun selon ses mérites dans un climat sans corruption.

    06/08/2015 Pierre DINAN