Quand les bonnes manières sont absentes sur nos routes
Quand les bonnes manières sont absentes sur nos routes
La conduite automobile devient de plus en plus stressante sur les
routes mauriciennes. Les risques d’accidents mortels sont bien
présents et en hausse, et Dieu sait si 2019 a mal commencé, malgré
les sévères restrictions quant au taux d’alcoolémie permis aux
chauffeurs. Il est significatif que dans la grande majorité des
accidents que la presse rapporte, les tests d’alcool supérieur au taux
autorisé sont négatifs. Si l’abus d’alcool n’est pas le coupable, on doit
se demander quelles sont les vraies causes des accidents de la route.
On peut déceler deux causes : la première provient de l’état de
certaines de nos routes, pas marquées adéquatement sur les bas-
côtés, mal éclairées, mal indiquées …. L’absence de pistes cyclables
est aussi à déplorer. Il revient aux autorités compétentes (travaux
publics, police de la route, ….) de prendre des mesures adéquates
pour remédier à cet état de choses.
La seconde cause provient de l’indiscipline grandissante sur nos
routes, particulièrement de la part des automobilistes et des
motocyclistes. Certes, les piétons ne sont pas exempts de tout
blâme, surtout lorsqu’ils traversent des rues en ignorant les passages
cloutés, ou des autoroutes en ignorant les ponts ou les passages
souterrains. Mais les acteurs principaux sont, bel et bien, les
automobilistes et les motocyclistes.
Il est navrant de constater que ceux d’entre nous qui avons eu les
moyens de nous acheter un véhicule automobile, grâce à un progrès
dans l’échelle de nos revenus, avons tendance à dégringoler dans
l’échelle de la courtoisie et des bonnes manières sur les routes. C’est
comme si seul l’avoir comptait, l’être n’ayant pas ou peu de valeur.
Trois de nos comportements d’automobilistes sur la voie publique
sont symptomatiques de notre manque de courtoisie sur les routes.
Ce sont
-l’usage fréquent des klaxons ;
-le recours à un parking temporaire et non autorisé sur des routes
passantes, et
-les casse-cou des motocyclistes.
Les klaxons intempestifs
Dans les années quarante et cinquante, quand la société
mauricienne vivait au rythme d’une colonie agricole et largement
assoupie, les rares voitures automobiles se faisaient un plaisir
d’utiliser leurs klaxons, surtout lorsqu’elles roulaient en cortège
nuptial. C’était une manière de saluer les nouveaux mariés. Petit à
petit, avec l’accroissement des véhicules et la modernisation de la
société mauricienne, des règlements furent promulgués pour
interdire l’usage des klaxons, sauf en cas exceptionnel et pour
prévenir un accident.
Et nous voilà, dans notre ile Maurice dite moderne, recourant à
nouveau au klaxon, non pas pour exprimer nos souhaits, mais pour
traduire notre agacement à l’encontre de notre voisin automobiliste
parce qu’il ne roule pas à la vitesse que nous souhaiterions ou qu’il
ne démarre pas assez vite aux feux de signalisation. Incapables de
maitriser notre stress, nous exprimons notre mécontentement de
manière bruyante : Ecartez-vous, concitoyen gênant, je dois avoir
priorité sur la voie publique.
Il nous arrive, pourtant, d’être polis et de savoir remercier,
notamment lorsque nous activons nos clignotants pour remercier
celui qui nous a permis de déboucher à un carrefour, en nous cédant
sa priorité.
C’est bien dommage que l’harmonie de notre vivre ensemble se soit
dégradée alors que notre développement économique a progressé. Il
n’est pas bon que l’économie et la société évoluent dans des
directions opposées. Car le développement d’un pays n’est réussi
que dans la mesure où les sphères économique et sociale
bénéficient de ses fruits. Sinon, il s’agit d’un développement à
plusieurs vitesses, ce qui est source d’inégalités et de frustration.
L’abus du recours au parking sauvage
Combien sommes-nous à avoir été pris dans un embouteillage parce
qu’un véhicule s’est arrêté inopinément en bordure d’une route au
trafic dense, tout en activant ses quatre clignotants (deux à l’avant
et deux à l’arrière), pour signaler qu’il est en panne ? L’est-il
vraiment ? Quand enfin vous arrivez, après plusieurs minutes
d’attente, à doubler la voiture lorsque la voie opposée a été enfin
libérée de la longue file, vous vous apercevez que le chauffeur du
véhicule « en panne » est en pleine conversation téléphonique !
Plus égoïste que ça, tu meurs ! Nous sommes vraiment entrés dans
l’ère du je m’en fichisme et de l’égocentrisme!
Les motocyclistes en délire
Ils vous traversent à droite-c ‘est leur droit, ils vous traversent à
gauche-ils croient que c’est leur droit ! Hier, piétons, ils se faufilaient
dans les embouteillages, aujourd’hui, devenus motocyclistes, ils en
font de même ! Et, hélas, nombreux sont-ils à y laisser leur vie, suite
à leur non-respect du code de la route. Ils avancent le long des autos
immobilisées en file d’attente sans se soucier de rester à l’intérieur
de la ligne blanche continue, risquant ainsi d’entrer en collision avec
une voiture venant en direction opposée.
A qui la faute ? Au début de la popularité des deux-roues, les
autorités policières ont été trop généreuses à accorder des permis
de conduire aux motocyclistes, et l’obligation de recourir à des
leçons de conduite des motocyclettes est venue bien tardivement.
Les mauvaises habitudes avaient été prises, et il est toujours difficile
de s’en défaire.
Mais ces circonstances atténuantes, causées par un manque de
vision et de planning des autorités compétentes, ne sont pas une
excuse pour le comportement indiscipliné de certains motocyclistes,
devenus adeptes du slalom et des excès de vitesse.
Quoi faire ?
Les autorités ont réagi en imposant des lois et règlementations plus
sévères et contraignantes qu’auparavant. Mais celles-ci ne seront
efficaces pour redresser la situation que si toutes les transgressions
sont verbalisées et les coupables punis. Cela est impossible : il
faudrait une armée de policiers pour pouvoir verbaliser les accrocs
du klaxon, les transgressions des lois du parking, et les motocyclistes
indisciplinés.
La solution doit être recherchée par rapport à notre comportement
en société. Savoir que l’utilisation d’une voie publique requiert le
respect de normes et de règlements applicables à tous les usagers.
Savoir aussi que la vie en société exige le respect d’autrui, faute de
quoi c’est la loi de la jungle, ou la loi du plus fort, qui s’impose.
Savoir, enfin, comme déjà indiqué plus haut, que la valeur d’un
humain se mesure à sa manière d’être, et non à la valeur de ses
biens.
A chacun de nous d’en prendre conscience et d’agir en conséquence,
pour notre bien à tous.
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