相较于其他的产品,粉嫩公主酒酿蛋有着聚合活性因子丰胸产品,让酒酿蛋的营养能够更上一层楼,另外它们也始终秉承着选择优质原材料的理念来经营粉嫩公主丰胸产品,所选择的酒酿都是来自于优质的无污染糯米原材料,该品牌也是将酒酿蛋来作为主打产品粉嫩公主酒酿蛋,现在已经有了大面积栽培基地,各类出厂的产品质量有保障丰胸导师,他们还加入了其他原生态的植物精粹,组成绿色天然的饮品选择。
  • Comment honorer les promesses électorales ?

    Comment honorer les promesses électorales ?

    La fausse route de l’effet multiplicateur*

    La surenchère électorale bat son plein. Elle prend la forme d’annonces, les unes après les autres, de promesses allant de pensions accrues pour les personnes âgées à des allocations de  chômage pour les jeunes, d’avances sur les augmentations à venir du PRB à des réductions des factures d’eau et de gaz ménager. L’opportunisme s’exhibe, le populisme à la sauce mauricienne s’installe. En bref, il y en a pour tous les appétits…Vivement l’installation du nouveau gouvernement, quel qu’il soit : nous aurons un « cadeau ! »

    Mais l’électeur est aussi un citoyen et un consommateur, doublé d’un contribuable assujetti aux taxes diverses (TVA, income tax…). Il se soucie donc de savoir s’il devra éventuellement payer la note représentée par ces « cadeaux » dont la charge sera imputée au budget national. Il veut bien rêver  en se disant que ces « cadeaux » proviendront de réductions de dépenses de ces services publics dont les gaspillages sont dénoncés, d’année en année, par le Director of Audit – mais très vite, le citoyen/électeur cessera de rêver.

    Devant cette disette d’explications plausibles par rapport au financement des promesses, les thuriféraires partisans ont trouvé une parade pour éclairer les citoyens sceptiques ; ils ont la bouche pleine d’une formule nouvelle : c’est l’effet multiplicateur 

    De quoi s’agit-il ?

    Commençons par un rapide retour en arrière. Durant les années trente du siècle dernier, alors que la Grande Dépression économique mondiale faisait rage, l’économiste anglais, Keynes, élabora une théorie selon laquelle l’économie anglaise - ou tout autre se trouvant dans une situation similaire - démarrerait à nouveau et génèrerait la demande et des emplois si l’Etat injectait des ressources financières dans l’économie. La théorie de Keynes eut des effets pratiques positifs. Et c’est cette théorie qui a été sous-jacente aux politiques de relance pratiquées par la majorité des pays suite à la dépression  de 2008-09.

    Le cercle vertueux

    Cette théorie a pour nom « effet multiplicateur ». Elle postule que l’injection de ressources financières dans l’économie active le déploiement des facteurs de production, notamment le capital et la main-d’œuvre. En clair, le capital se retrouve avec davantage de retour sur les investissements sous la forme d’intérêts et de dividendes, tandis que la main-d’œuvre perçoit davantage de gages et de salaires. La consommation s’ensuit,  le cercle vertueux s’agrandit!

    C’est à cette théorie que s’accrochent les défenseurs des promesses électorales actuelles. Ils expliquent que les finances qui seront injectées dans l’économie mauricienne, grâce notamment aux pensions accrues,  à des hausses salariales et à des taxes réduites, se démultiplieront, alimentant l’activité économique dans son ensemble et renflouant les revenus budgétaires grâce à la hausse des rentrées fiscales. Que de belles promesses !

    Où est le grain de sel ?

    Toute théorie, aussi valable soit-elle, doit tenir compte des spécificités de l’environnement où elle est appliquée.

    L’effet multiplicateur est élevé lorsque les injections additionnelles de moyens financiers aident à déployer des ressources qui, jusque-là, étaient peu ou pas utilisées. Est-ce le cas à Maurice ?  Le taux de chômage global est faible. Là où il est élevé,  c’est chez les jeunes. Il est causé par un sérieux décalage entre l’offre et la demande, lequel décalage requiert des remèdes à moyen et à long terme, notamment la formation adéquate des jeunes de notre pays par rapport à ses besoins, surtout dans les domaines numériques  et technologiques.

    Priorités à la consommation

    Par ailleurs le capital destiné aux investissements est en chute libre. Pour le secteur privé, le taux d’investissements est estimé à 14,2% du PIB en 2018 et à 13,8% en 2019. Ceci n’a rien d’étonnant  quand on constate que le taux de consommation à travers le pays est à un niveau fort élevé depuis plusieurs années, avec des estimations de 91% du PIB en 2018 et de 90,5% en 2019. Autrement dit, chaque année alors que Maurice se bat pour rehausser son taux de croissance, elle consomme neuf-dixièmes de son gâteau national.

    Un facteur spécifique à l’économie mauricienne  

    Il y a lieu de penser que ce comportement très axé sur la consommation se poursuivra si les promesses électorales se concrétisent.     Et c’est ici qu’intervient un facteur spécifique à la nature de l’économie mauricienne 

    A part notre espace maritime encore largement inexploité, nos ressources terriennes sont très limitées. La très grosse majorité de nos besoins basiques – nourriture, matériaux de transport et de construction, pétrole, matières premières -doit être importée et donc payée en espèces sonnantes et trébuchantes, acquises grâce aux roupies que nous rapportent nos exportations.

    Or,  de manière chronique, les exportations mauriciennes sont inférieures aux importations, de sorte que, d’année en année revient ce souci majeur d’accroitre les exportations mauriciennes. Or celles-ci stagnent en ce moment pour diverses raisons, déjà évoquées par ailleurs et qui ne seront donc pas reprises dans cet article.

    Simultanément, les importations sont en croissance annuelle. En 2017 par exemple, les importations de marchandises ont atteint 171,9 milliards de roupies, contre seulement 81,3 milliards pour les exportations, ce qui a résulté en un déficit de 90,6 milliards de roupies à la balance commerciale.

    Grace à un surplus de 29 milliards au titre des services offerts par l’industrie du tourisme, (faisant face aujourd’hui à une féroce concurrence),  le compte courant de la balance des paiements a enregistré un déficit moindre que la balance commerciale, soit 61,6 milliards.

    Et ce déficit déjà conséquent est sur une pente ascendante : pour le deuxième trimestre de 2019, le compte courant affichait un déficit  de 18,9 milliards. A ce rythme, le compte courant de la balance commerciale risque d’afficher un déficit de quelque 75 milliards, à la fin de 2019.

    Comment financer les « cadeaux » ? Chut !

    Et voilà que les « cadeaux » électoraux se mettent de la partie ! Ces « cadeaux » sont de nature telle qu’ils augmenteront dès le mois de décembre les moyens financiers des récipiendaires et que ceux-ci seront tentés de hausser leur taux de consommation, ce qui automatiquement se traduira en une hausse des importations. Autrement dit, il faudra davantage puiser de nos réserves en devises, à moins que nos exportations de biens et de services ne s’améliorent de manière significative. Mais là-dessus, les différents partis politiques sont silencieux quant à la manière de procéder et de s’y prendre.

    Revenons à l’effet multiplicateur

    Comme déjà indiqué ci-dessus, il est douteux que l’effet multiplicateur crée des emplois pour les jeunes chômeurs. Par ailleurs, si 90% des prébendes électorales se dirigent vers  des articles et services de consommation, très largement importés, tout au plus ce sont des commerçants importateurs qui en profiteront. La TVA sera aussi de la partie, surtout si pour relancer les exportations, les autorités monétaires ont recours à la dépréciation de la roupie. Comme on peut le constater, la présente configuration de l’économie mauricienne ne se prête guère aux possibles bienfaits de l’effet multiplicateur. La réalité risque d’être tout autre. Le fort taux des importations par rapport à la taille de l’économie mauricienne (plus de 50%) constitue une fuite dans le système de  transmission de l’effet multiplicateur, et cette fuite s’élargit sous la pression de l’appétit grandissant des Mauriciens de consommer plutôt que d’épargner.

    Les thuriféraires feraient mieux de demander aux apporteurs de cadeaux d’expliquer comment ils pensent s’organiser,  étant entendu que sont sûrement exclus – du moins les contribuables et les consommateurs le souhaitant ardemment – les hausses des taxes et la dépréciation de la roupie.

    Pierre Dinan

    *le terme : effet multiplicateur est utilisé pour décrire l'impact que des augmentations de la monnaie en circulation au sein d’un pays peuvent avoir sur son activité économique.

    06/11/2019 Pierre DINAN