相较于其他的产品,粉嫩公主酒酿蛋有着聚合活性因子丰胸产品,让酒酿蛋的营养能够更上一层楼,另外它们也始终秉承着选择优质原材料的理念来经营粉嫩公主丰胸产品,所选择的酒酿都是来自于优质的无污染糯米原材料,该品牌也是将酒酿蛋来作为主打产品粉嫩公主酒酿蛋,现在已经有了大面积栽培基地,各类出厂的产品质量有保障丰胸导师,他们还加入了其他原生态的植物精粹,组成绿色天然的饮品选择。
  • En pleine mutation

    Le modèle économique mauricien

    En pleine mutation

    Nous voici à l’orée des années vingt, soit au début de la troisième décennie du
    vingt et unième siècle. Sans nous en rendre vraiment compte, parce que
    littéralement submergés par les évènements d’actualité, nous voici aussi
    abordant la deuxième année du deuxième cinquantenaire de notre pays
    indépendant et souverain, lequel sera célébré par notre chère génération du
    millénaire, que nous regroupons indistinctement sous le vocable : les jeunes, et
    qui sera alors en début de fin de carrière.
    Pourquoi ces rappels et pourquoi cette vertigineuse projection dans un avenir pas
    encore proche ? C’est parce que l’économie mauricienne a, durant son premier
    cinquantenaire, de 1968 à ces temps que nous vivons, fait l’expérience d’une
    transformation rapide et exceptionnelle ; celle-ci est maintenant en butte à de
    sérieux obstacles. Il est donc nécessaire, sinon urgent, de tracer la voie à suivre
    pour l’avenir.
    En conséquence, au cours des lignes qui suivent, notre démarche, après une
    brève évocation de nos réalisations, consistera en un rappel des défis qui nous
    guettent au plan socio-économique, avant de proposer les solutions que requiert
    un nouveau modèle. Car c’est à de telles conditions que la croissance
    économique sera de qualité et sera durable.
    Les réalisations des cinquante dernières années
    Les réalisations sont fort bien connues, et il n’y a pas lieu de s’y attarder.
    L’exploit des Mauriciens a été celui de transformer, en l’espace d’une trentaine
    d’années, une économie à monoculture agricole (la canne à sucre), en une
    économie diversifiée, développant d’abord un secteur manufacturier,
    principalement axé sur le textile, puis en y ajoutant , tour à tour, des facilités de
    port franc, l’hôtellerie et le tourisme, les services financiers transfrontaliers, et
    enfin les technologies de l’information et des télécommunications. C’est durant
    cette période exceptionnelle que le secteur agro-industriel qui, au summum du
    règne du sucre de canne, contribuait, bon an mal an, directement entre un quart
    et un tiers du PIB (Produit Intérieur Brut), a graduellement perdu de son éclat,
    pour ne représenter à ce jour qu’environ 3,5% du PIB.

    C’est ainsi que le pays que V.S.Naipaul avait, en 1972, de sa plume acerbe mais
    réaliste, décrit comme : The overcrowded baracoon, a déjoué tous les pronostics,
    y compris ceux du Professeur Meade, lauréat d’un prix Nobel en économie. Ces
    érudits et ces spécialistes ne s’étaient pas trompés ! Les faits et chiffres leur
    donnaient raison. Ce qu’ils n’avaient pas appréhendé, c’est la capacité de la
    nation mauricienne d’alors, dans son ensemble, du plus petit au plus grand, de se
    ressaisir, de se mettre au travail , mais aussi de suivre les conseils éclairés et
    lucides des deux institutions internationales , issues de l’Accord de Bretton Woods
    au lendemain de la deuxième guerre mondiale, et ayant pour mission de
    redresser l’économie des pays en difficulté, soit le FMI (Fonds Monétaire
    International) et la Banque Mondiale.
    Notre pays est, dit-on, pauvre en ressources. Ce n’est pas tout à fait exact de le
    dire. Si nous sommes dépourvus de ressources minérales, Dame Nature nous a
    donné un beau jardin (que nous devons, toutefois, bien entretenir), une mer
    bleue avec une large ceinture de sable fin et blanc, et des rayons généreux du
    soleil tropical. Mais de tels attributs naturels ne serviraient à rien si la population
    mauricienne ne savait pas en tirer profit, et c’est précisément ce qu’elle a
    accompli, grâce à sa composition métissée et multiculturelle, ce qui lui donne une
    capacité d’adaptation à des situations qui évoluent.
    Cette capacité-là est, toutefois, dépendante de la volonté de l’exercer quand le
    besoin s’en fait sentir. Nous y reviendrons.
    Les défis du temps présent
    Deux types de défis confrontent l’économie mauricienne : l’un est par rapport à
    des secteurs tournés vers l’exportation, l’autre est par rapport à la hausse des
    rémunérations.
    Les exportations de biens et de services mauriciens ne se portent pas bien. Selon
    les estimations de Mauritius Statistics, de 2016 à 2019, elles ne progressent que
    de 5,3%, passant de 192,4 à 202,5 milliards, en roupies courantes. Durant cette
    même période, les chiffres comparatifs pour les importations de biens et de
    services se chiffrent à 233,6 et 276,6 milliards respectivement, soit une hausse de
    18,4%. Gare au déficit annuel chronique de la balance commerciale,et si celui-ci
    continue de s’élargir, il va falloir davantage se rabattre sur les apports du secteur
    financier transfrontalier, lui-même fortement en butte à la surveillance de

    l’OCDE, et aux farouches opposants de l’optimisation fiscale grâce à laquelle
    notre secteur financier a jusqu’ici prospéré.
    Ce tassement des exportations est le résultat des difficultés auxquelles font face
    les secteurs suivants : le sucre, les entreprises manufacturières des zones
    franches et l’hôtellerie et le tourisme. Quelles en sont les causes principales :
     Contrairement à ce qui avait prévalu depuis quelque 45 ans, le sucre
    mauricien ne jouit plus de préférences douanières lorsqu’il est importé
    dans les pays de l’Union Européenne. Il doit se mesurer, à visage découvert,
    aux importations d’autres pays et au sucre de betterave produit sur place.
    Malgré les efforts à différencier le produit à travers les sucres spéciaux dont
    les prix d’achat sont plus élevés, il en résulte que le sucre mauricien se
    vend à perte, entrainant ainsi des abandons de culture de la canne, surtout
    chez les petits opérateurs.
     Le secteur manufacturier des zones franches s’est construit et développé à
    partir d’un concept fondamental, celui d’une main-d’œuvre abondante et à
    bon marché. Ces deux conditions ne s’appliquent plus aujourd’hui. La main-
    d’œuvre n’est plus abondante, la demande d’emplois évolue en une courbe
    descendante, dans la foulée des taux annuels insuffisants des naissances
    depuis le début du siècle. Et la main-d’œuvre n’est plus à bon marché,
    puisque suite au développement conséquent qu’a connu le pays, les taux
    des rémunérations ont forcément augmenté. C’est ainsi que les
    exportations des entreprises de ce secteur manufacturier sont pénalisées
    par un manque de compétitivité sur les marches internationaux, face aux
    produits de pays concurrents (Vietnam, Madagascar, …..) dont le
    développement économique est encore très loin derrière le nôtre. En 2018,
    le revenu par tête d’habitant à Madagascar et au Vietnam était égal à 517
    dollars et à 2564 dollars respectivement, alors qu’il affichait 11281 dollars
    à Maurice. Comment, en de telles circonstances, pouvoir espérer pratiquer
    une grille de gages et salaires qui puissent concurrencer avec celles de ces
    pays encore largement sous-développés, alors que nous nous tenons sur la
    seconde marche du podium des pays dits développés ?
     L’hôtellerie et le tourisme font face à la concurrence de pays voisins qui
    offrent des prestations du même type que nous (Seychelles, Maldives…).De
    plus, la diversification de nos marchés afin d’attirer davantage de Chinois
    parait plus laborieuse que l’on n’avait espéré au départ. Bien que les

    statistiques officielles soient muettes à ce sujet, il est probable que le
    recours par des touristes au service AIRBNB affecte négativement les
    revenus des hôtels et abaisse la moyenne des dépenses effectuées par des
    touristes. Par ailleurs, le produit touristique mauricien peine à se
    diversifier en offrant, outre les plaisirs de la mer, des possibilités
    d’enrichissement culturel, grâce à la visite, dans nos villes et villages, de
    musées, de jardins, de lieux de culte, tous susceptibles de révéler au
    visiteur étranger l’unique diversité de la société mauricienne. Un produit
    touristique mauricien, savamment diversifié, sera plus en mesure de
    concurrencer les offres des pays concurrents dans cette partie de l’Océan
    Indien.
    Comme déjà invoqué ci-dessus, l’autre type de défi auquel l’économie
    mauricienne est confrontée provient de la hausse généralisée des
    rémunérations. La cause fondamentale a déjà été identifiée, elle provient du
    décollage économique qui a eu lieu dans les années 80 et qui s’est poursuivie
    depuis. La récente imposition du salaire minimum est venue concrétisée ces
    tendances à la hausse. Quand le revenu par tête d’habitant augmente d’année en
    année, il est inévitable que la grille des salaires suive le pas.
    Mais il y a un revers de la médaille à ce type d’évolution .Il faut pouvoir amortir le
    choc de la hausse des rémunérations, en augmentant la productivité de la main-
    d’œuvre. Et celle-ci ne sera réalisée que si la main- d’œuvre dispose de moyens
    techniques et/ou mécaniques pour être plus productive. C’est cette contribution
    heureuse de la machine ou du robot qui permettra à l’humain d’accomplir sa
    tâche au mieux de ses possibilités.
    Un sauveur dénommé technologie
    Ces constatations et ces réflexions nous amènent inévitablement à nous tourner
    vers ce qu’il est convenu d’appeler la révolution technologique. En fait, la chance
    nous sourit, car au moment où nous devons faire face aux conséquences de notre
    rapide développement économique sur notre perte de compétitivité, nous avons
    à notre portée des outils, des machines et des robots qui devraient accroitre nos
    possibilités à produire des marchandises et à offrir des services à des prix
    compétitifs internationalement.
    Mais faut-il que nous nous mettions à l’œuvre! Et c’est ainsi que nous allons
    devoir faire appel à cet esprit d’entreprise, d’inventivité et de débrouillardise qui

    nous a animés, comme nation alors en difficulté, pour sortir de l’ornière dans
    laquelle nous nous étions enfoncés durant les années soixante-dix.
    Dans les années quatre-vingts, nous nous sommes affranchis du sous-
    développement. Dans les prochaines années vingt, nous libérerons-nous enfin du
    piège des pays encore retenus sur la deuxième marche du podium ? Comment y
    parvenir ? C’est la voie que nous allons tenter de dessiner dans la dernière partie
    de ces réflexions.
    Changement de paradigme
    En fait, la voie est là qui s’ouvre devant nous, mais il nous faut avoir l’audace et le
    courage de l’emprunter. La rareté relative de la main- d’œuvre et la hausse des
    rémunérations dictent dorénavant la marche à suivre. C’est le recours aux outils
    et aux robots, que ce soit dans les prestations de services chez soi, au bureau, à
    l’usine, dans les hôpitaux, et ainsi de suite. Précisons ici, que le recours à
    l’immigration ne sera pas une solution au manque de main d’œuvre locale .Sous
    peine d’accusation de discrimination et d’exploitation, la main- d’œuvre
    étrangère doit être rémunérée au même taux que la main d’œuvre locale.
    Les petites et moyennes entreprises n’y échapperont pas, pas moins que les
    grandes. Fini le temps où l’économie mauricienne pouvait se targuer d’être un
    pays compétitif en termes de rémunérations de la main-d’œuvre. Le tourisme,
    cette activité à forte intensité de main- d’œuvre, a bénéficié de cette situation,
    tout comme le secteur financier transfrontalier, avec des coûts inférieurs à ceux
    en cours dans des pays comme le Luxembourg et Jersey. Tous ces avantages sont
    appelés, sinon à disparaitre, du moins à s’amenuiser.
    Les innovations technologiques peuvent aussi apporter du renouveau dans les
    industries manufacturières des zones franches, afin qu’elles y retrouvent leur
    compétitivité d’antan, grâce à un nouveau modèle d’organisation de production.
    Sans nul doute aussi, il faudra aussi revoir la gamme des produits à manufacturer,
    l’accent étant mis sur ceux susceptibles de bénéficier davantage de l’apport
    technologique.
    Et que dire de ces grandes oubliées de notre économie, l’agriculture et la pêche,
    lesquelles gagneraient, non seulement en productivité mais en modernité, si les
    opérateurs (planteurs, jardiniers, pêcheurs,…) pouvaient exercer leurs métiers de
    manière professionnelle avec des outils et du matériel moderne.

    C’est pourquoi il est de première importance que notre pays adopte et
    développe, sans tergiversation, une stratégie d’utilisation et d’adaptation aux
    outils technologiques modernes et aux robots. Tout cela doit commencer dès
    l’école, et on peut, dans ce cas, se féliciter que la réforme du nine-year schooling
    semble ouvrir la voie à cette possibilité. La formation au numérique et aux
    technologies nouvelles est un sine qua non pour l’ensemble de la population
    mauricienne, à des degrés divers, bien entendu.
    Mais elle doit être renforcée et étendue à tous les groupes d’âge, y compris les
    seniors, de plus en plus nombreux et où l’on compte -c’était inévitable-le plus
    grand nombre d’analphabètes numériques. Car il faut bien se rendre compte que
    l’adaptation au numérique doit s’apprendre : elle n’est pas automatique, et plus
    on vieillit, plus on apprend lentement.
    Une précaution s’impose, toutefois : aussi performante qu’elle soit, la machine ne
    peut remplacer l’humain lorsqu’il s’agit des réactions et des sentiments humains.
    Il est extrêmement important que les installateurs des robots aient le souci de
    guider et d’expliquer clairement les étapes à suivre. Les informaticiens ne
    maitrisent pas toujours les techniques de communication. Ou, comme dirait
    l’autre, il y a des activités peu ou pas susceptibles d’être informatisées, un des
    exemples les plus en vue étant les opérations d’une école maternelle ou, mieux
    encore, l’éducation d’un enfant au sein de la famille. On aura intérêt à prendre en
    compte les possibles retombées sociales d’un recours intensif a l’informatisation.
    Le but ultime est celui d’un développement équilibré, a tous points de vue.
    Parviendrons-nous à ces fins ?
    Nous y parviendrons si nous prenons conscience de l’enjeu.
    Nous sommes pour le moment comme au milieu du gué, ayant laissé derrière
    nous une économie à forte intensité de main-d’œuvre et à relativement bon
    marché, et comme s’étendant devant nous, une économie dont il est souhaitable
    qu’elle soit à forte intensité technologique. Et chacun de nous est interpellé à
    aller de l’avant, comme naguère lorsque nous avions à sortir de notre sous-
    développement.
     Les gouvernants de la République ont la responsabilité d’élaborer les
    stratégies qui sauront tirer le maximum des opportunités offertes par les
    technologies modernes. Dans cette tâche, nos gouvernants doivent,

    comme naguère, faire appel aux institutions multinationales et aux pays
    amis. L’important, c’est de ne pas perdre un temps qui est précieux.
     Le secteur des affaires est appelé à investir dans la recherche en vue du
    choix des technologies les plus appropriées pour réaliser des gains de
    productivité et ainsi retrouver la compétitivité sur les marchés
    internationaux.
     Les syndicats sont appelés à encourager leurs membres à s’adapter aux
    outils technologiques modernes, moyennant une formation à laquelle ils
    collaboreront pleinement.
     Il reviendra, enfin, à la population tout entière d’accepter les conditions
    nouvelles de la vie en société et de s’y adapter, sans pour autant perdre
    ses valeurs. Devra être mise en sourdine cette attitude qui a tendance à se
    répandre et qui veut tout avoir tout de suite, avec son cortège, hélas, de
    consommation effrénée, de violence dans la famille et dans les quartiers,
    et du recours aux drogues de toutes sortes. Nos ainés des années quatre-
    vingts auraient des leçons salutaires à nous donner dans ce contexte, eux
    qui avaient connu les affres d’un pays pauvre et faisant partie du Tiers
    Monde, selon l’appellation que l’on donnait alors, aux pays sous-
    développés.
    Mettons-nous donc en route pour aborder avec courage et lucidité les années
    vingt qui commencent bientôt.

    10/12/2019 Pierre DINAN