Economie mauricienne - La diversification en réponse aux défis
Economie mauricienne
La diversification en réponse aux défis
Il n’échappe à personne que la présente crise sanitaire contient aussi tous les
ingrédients d’une crise économique, au plan mondial comme à celui de notre
pays. Mais le non initié à la terminologie des économistes doit avoir quelque
peine à saisir, dans le concret, les éléments de la crise qui se dessine déjà. C’est
pourquoi il faut, d’abord, donner un visage concret à l’activité économique du
pays, ensuite constater les plaies que la pandémie imprime sur ce visage, avant
de chercher comment, si possible, lui rendre sa physionomie d’avant le choc
sanitaire. Telle sera notre démarche, que l’on peut résumer en
une identification des défis auxquels sont confrontés les différents
secteurs d’activité de production de biens et de services au sein de la
République, et
les réponses qu’il nous revient, à nous l’ensemble des Mauriciens, à
identifier et à élaborer pour relever ces défis.
Quel est ce visage économique du pays ?
C’est un visage aux multiples facettes, allant de l’agriculture et de la pêche aux
manufactures, du commerce au transport, de l’immobilier à la distribution
d’eau et d’électricité, des services de restauration et d’hôtellerie aux
transactions financières locales et transfrontalières. Ajoutons le port franc, les
services administratifs et professionnels, ceux de la santé et de l’éducation,
sans oublier-ce qui est souvent le cas- les arts et la culture. Voilà donc toutes
les activités auxquelles nous sommes appelés à participer, nous les Mauriciens
d’âge adulte et en bonne santé. Car ce sont, nous, qui sommes les acteurs
économiques, une ressource indispensable pour que fonctionne la production
des biens et des services dans notre pays.
Quelques indicateurs comparatifs nous aideront à apprécier l’importance
relative, durant l’année 2019, soit avant le fléau du COVID, des secteurs
d’activités mentionnés plus haut. Ces pourcentages sont établis par rapport au
PIB (Produit intérieur brut), lequel est ce gâteau national que chacun de nous
produit, d’année en année, par notre travail physique et intellectuel, et par le
déploiement de nos épargnes et ressources financières.
En 2019, le gâteau national s’est élevé à 498 milliards de roupies. La
contribution des principaux secteurs d’activité a été comme suit : produits
manufacturés : 11%, activités commerciales : 11% également, transactions
financières et d’assurance : 10,4%, hôtellerie et restauration : 6,1%, services de
transport et d’emmagasinage : 5,7%, immobilier : 5,2%, et activités
professionnelles et scientifiques : 4,5%
Cette physionomie des secteurs d’activité a été mise à mal par le confinement
de 2020, lorsque l’activité économique a été très largement réduite pendant
des semaines. Le gâteau national a subi une réduction de 498 à 429 milliards
en 2020, soit un rapetissement de l’ordre de 14%. Certains secteurs
d’activités ont beaucoup souffert de par leur nature intrinsèque, notamment
l’hôtellerie et la restauration, avec un pourcentage du PIB de 2020 égal à
seulement 2,6%, la contribution au PIB ayant chuté de 30,2 milliards en 2019 à
10,95 milliards en 2020.D’autres exemples de baisse significative sont comme
suit : manufactures, 8,5 milliards, transport et emmagasinage, 7,1 milliards,
construction, 4,9 milliards, et secteur financier, 2,5 milliards.
Les défis que posent ces faits et chiffres doivent être identifiés. Chacun de ces
secteurs touchés par la crise a sa particularité propre. Il n’est pas question, ici,
de procéder à une analyse approfondie des problèmes de chacun de ces
secteurs. C’est un travail à être entrepris par l’EDB (Economic Development
Board), sinon, par une Commission Economique Spéciale, instituée par le
Gouvernement pour remettre l’économie sur les rails et dont la composition
serait représentative de toutes les forces vives de la République.
Evoquons, toutefois, dans le cadre de la présente réflexion, et dans leurs
grandes lignes, les défis auxquels sont confrontés les principaux secteurs
d’activité de l’économie mauricienne, et cela depuis avant 2020.
- L’hôtellerie et le tourisme, tout en étant profitable, subissaient déjà,
depuis quelques années, les assauts de la concurrence des Seychelles et
des Maldives, dont les taux annuels de croissance étaient supérieurs aux
nôtres.
- Le secteur manufacturier, surtout le textile, avait un problème de
concurrence sur les marchés internationaux, le cout de la main d’œuvre
mauricienne étant devenu supérieur à celui des pays encore sous-
développés.
-Les exportations de thon, pêché par des flottes étrangères, puis
converti en produit exportable grâce à une main d’œuvre mauricienne,
se heurtaient à des défenseurs européens de la nature et de
l’environnement, soucieux de préserver la pérennité du thon de nos
mers australes.
- Les transactions financières transfrontalières étaient sous la menace de
réductions sensibles, suite à l’inscription de la juridiction mauricienne
sur la liste noire européenne.
Tous ces maux n’ont guère disparu. Ils sont, en fait, exacerbés par la
crise. Que faut-il donc faire ?
Se ressaisir
Cela ne sert à rien de pleurer sur le passé ! Regardons résolument vers l’avenir
en prenant conscience des problèmes à surmonter et en leur cherchant des
solutions. Notre population bigarrée en a déjà fait l’expérience : c’était au
tournant des années ’80, lorsque nous émergions de la décennie des occasions
perdues et du gaspillage. Nous nous sommes tous mis au travail, les dirigeants
politiques, les capitaines d’industrie, et surtout la population tout entière.
C’est ainsi qu’au milieu de cette décennie-là, notre économie décollait et des
emplois étaient créés par dizaines de milliers.
Aujourd’hui, c’est dans une diversification rationnelle de l’économie de notre
pays que nous devons chercher des solutions.
-Diversifions nos ressources. Les terriennes doivent être mieux entretenues
afin de diversifier l’offre aux touristes. Les maritimes, soit 2,3 millions de
kilomètres carrés, attendent d’être explorées pour révéler leurs secrets.
-Diversifions nos produits : intensification de l’agriculture, de l’élevage et de la
pêche, des produits agricoles contre-saison pour les marchés étrangers, le
mélange de la mélasse locale au fioul importé, le développement de produits
textiles arborant un label authentiquement made in moris…
-Diversifions nos marchés d’exportations, si largement euro centriques. Le
message est clair : les deux récents accords respectifs portant sur les échanges
commerciaux avec la Chine et des pays d’Afrique montrent la voie à suivre. La
diplomatie mauricienne et le secteur privé n’ont d’autre choix que de se
mettre au travail pour exploiter de telles opportunités.
De nouvelles normes s’imposent à nous : sachons les appliquer, le succès
dépendra de notre volonté à maitriser les conséquences du fléau dénommé
COVID. Mais cette volonté doit être caractérisée
(a) par le souci des gouvernants, quels qu’ils soient, de travailler pour le
bien commun, hors de tout égocentrisme et de toute volonté
d’accaparement, et
(b) par la volonté de chaque Mauricien, du plus grand au plus petit,
d’exécuter ses taches journalières au mieux de ses capacités.
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