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  • Le court-termisme

    Le court-termisme
    Ses conséquences et ses pièges

    Il n’est pas rare, dans des échanges à caractère décisionnel, d’entendre parler
    d’actions à rendement rapide, ce que la langue anglaise désigne succinctement et
    admirablement comme des quick wins. De quoi s’agit-il ? Tel sera le thème de cet
    article. Le terme sera défini et expliqué, ce qui nous conduira à analyser les
    raisons pour lesquelles on a recours à des quick wins. Les conséquences de ce
    recours seront ensuite analysées, en prêtant une attention particulière aux pièges
    qu’ils sont susceptibles de dissimuler. A la fin de nos réflexions, nous serons en
    mesure de juger la sagesse, sinon la témérité, d’un recours au court-termisme.
    De quoi s’agit-il ?
    Lorsque l’on prend la décision de suivre-ou de ne pas suivre-une action
    spécifique, la logique demande qu’on tienne en compte les conséquences
    possibles, non seulement dans l’immédiat, mais aussi à l’avenir, lequel peut
    s’étendre du proche au distant. Ces périodes temporelles sont généralement
    classées en trois groupes, notamment le court terme, le moyen terme et le long
    terme. Leurs durées respectives dépendront du type de décision dont il s’agit.
    Mais, en règle générale, on peut arguer que plus un projet est conséquent en
    termes d’investissement de temps ou de ressources, ou des deux à la fois, plus
    s’étend son long terme, avec pour conséquence, l’allongement de son moyen
    terme et de son court terme.
    La tentation du court terme peut être grande, on veut arriver au but le plus vite
    possible. Mais la prudence exige que les conséquences de la décision à prendre
    soient dûment prises en compte, car il ne sert à rien de réaliser un objectif
    immédiat, tout en mettant à mal, ou même en sacrifiant, un autre louable objectif
    à atteindre subséquemment.
    Ouvrons, ici, une parenthèse pour répondre à une objection possible. On se
    souvient de la fable de La Fontaine, qui termine le dialogue entre le pêcheur et le
    poisson que celui-ci a pris dans ses filets, avec la célèbre citation : un tiens vaut
    mieux que deux tu l’auras. Il s’agit, dans cette fable, d’une situation où le but a
    déjà été atteint, c’est-à-dire la prise du poisson par le pêcheur. C’est une situation

    différente de celles envisagées ici : le poisson n’est pas encore dans les filets et il
    faut s’organiser pour le prendre.
    Revenons à la société mauricienne. Quatre situations seront évoquées et
    analysées, tour à tour : la première se rapporte au choix de vie des jeunes, la
    deuxième à l’attitude des possédants, la troisième à la politique du
    développement et la quatrième aux choix d’ordre politique.
    1. Le choix des jeunes de la république mauricienne
    Dans leur ensemble, les jeunes générations de Mauriciens, celles des années
    quatre-vingt-dix et des deux premières décennies de ce siècle, ont connu une
    certaine prospérité, comparativement à celles qui ont vécu avant le décollage de
    l’économie du pays dans les années ’80. La tentation est donc grande chez eux de
    perpétuer cette prospérité relative, alors que le pays passe par une crise
    économique, caractérisée par une dépendance excessive sur les biens et services
    importés de l’étranger, doublée d’un endettement public élevé, les dépenses
    sociales prenant, d’année en année, le dessus sur les recettes économiques.
    La tentation est donc grande pour les jeunes d’émigrer vers des contrées où
    l’herbe leur parait plus verte. C’est leur libre choix et il n’est pas question de les
    critiquer. Il reste, néanmoins, que certaines questions méritent considération.
    Elles peuvent être classées en deux groupes, celles qui leur sont personnelles, et
    celles qui doivent être posées par ceux qui nous gouvernent.
    Les considérations d’ordre personnel sont celles se référant à la durée de leur
    séjour à l’étranger, notamment leur statut familial, mais aussi des questions aussi
    terre à terre que la constitution de leur pension à l’âge de la retraite et
    l’accompagnement humain en cas de maladie, surtout si l’on n’a pas adopté la
    citoyenneté du pays d’accueil. Ce sont .certes, des échéances à long terme, mais
    elles méritent d’être considérées dès le départ, et des mesures prises ou
    envisagées pour y répondre avant qu’il ne soit trop tard.
    Du côté de la gouvernance, il y a aussi des questions à considérer. Alors que le
    taux officiel de chômage chez les jeunes est de l’ordre de 30% , pourquoi l’offre
    de postes à remplir est-elle supérieure à la demande dans plusieurs secteurs
    d’activité, notamment dans le tourisme, l’électronique et le numérique, le
    commerce et chez des professionnels ? Voilà bien un problème à moyen et long

    terme qu’il faut prendre à bras le corps dans le domaine de l’éducation des jeunes
    Mauriciens. Il est clair que des filières non académiques sont, non seulement une
    nécessité, mais qu’elles doivent bénéficier de financement publics substantiels,
    soutenus par une campagne de reconnaissance des techniciens, lesquels
    méritent d’être traités comme des professionnels bien rétribués au service du
    pays. La toute récente proclamation de deux lauréats du HSC Pro va dans cette
    direction et elle doit être comme un phare pour l’avenir. Il est bon de rappeler
    que le HSC Pro est une filière en place depuis 2015 et qu’elle est constituée non
    seulement de cours académiques, mais aussi de stages en entreprise.
    2. L’attitude des possédants
    La tentation du court-termisme peut être bien réelle chez des possédants. Dans
    les pays où la Bourse des valeurs est très active, les propriétaires et les gérants
    d’entreprises peuvent, à un moment ou un autre, se retrouver avec des épées de
    Damoclès sur leur tête. C’est lorsque la valeur du titre dégringole à la Bourse de
    jour en jour, au grand dam des actionnaires qui s’appauvrissent, et qui disposent
    d’un redoutable pouvoir, celui de congédier les administrateurs pour n’avoir pas
    pris les mesures qui auraient assuré à l’entreprise une profitabilité soutenue. Ce
    type de risques pour les gérants d’entreprises affecte particulièrement les pays
    développés dotés de bourses des valeurs très actives. Ce n’est pas le cas à
    Maurice, du moins pour le moment.
    Il faut, toutefois, en être conscient, car la pression de la Bourse des valeurs peut
    être remplacée par celle de la famille, si celle-ci est soucieuse d’engranger des
    gains rapides par des quicks wins, comme déjà mentionnés ci-dessus, plutôt que
    d’attendre les fruits d’un investissement solide et durable.
    On peut, ici, évoquer un cas possible lié à la présente situation mauricienne. Suite
    à la baisse de la demande internationale pour le sucre mauricien, les superficies
    des terres plantées en cannes à sucre ont été forcément réduites. Des terres ainsi
    libérées de la canne doivent donc être destinées à d’autres usages. La tentation
    est grande de les convertir en des terrains pour la construction d’habitations de
    toutes sortes, surtout dans la conjoncture actuelle où Maurice est présentée
    comme un eldorado pour des personnes âgées et riches, avides de s’installer dans
    un pays à fiscalité raisonnable. Sans aucun doute, il y a des possibilités de réaliser
    de bonnes affaires, notamment à vendre au plus offrant un terrain, jusqu’ici

    planté en cannes destinées à être broyées pour produire un sucre dont le prix est
    aléatoire. Tout cela parait parfaitement logique.
    Allons-y donc et convertissons nos champs de cannes en maisons d’habitation
    pour nos riches retraités. Le piège qui nous est ainsi tendu, c’est que l’opération
    envisagée n’est possible qu’une seule fois. Ainsi, l’ancien agriculteur est dans
    l’obligation d’investir son nouveau pactole dans un investissement qui lui
    rapportera des revenus, comme la culture de la canne à sucre le lui avait procuré
    jusqu’ici. Autant dire, donc, que ce qui parait être une bonne affaire, au moment
    où elle est réalisée, requiert du jugement et de la réflexion : il s’agit, dans
    l’analyse des bienfaits, de planifier les actions à prendre à moyen et à long terme,
    afin de les pérenniser.
    3. Les caractéristiques d’un développement soutenable dans le temps
    De là aux caractéristiques du développement du pays, il n’y a qu’un pas. En effet,
    un très fort accent est placé depuis quelques années sur une amélioration des
    services publics, dont la construction du service métro express est le porte-
    drapeau. Il ne reviendra à personne de critiquer des investissements dans des
    projets visant à améliorer la qualité de vie des habitants. Mais il convient de voir
    si l’on en a les moyens. Certes, l’aide indienne a été déterminante, mais elle est
    largement sous la forme de prêts remboursables. Les réalisations à court terme
    ouvrent la voie à des obligations à moyen et long terme. Soyons-en conscients et
    organisons nos ressources économiques et commerciales afin de pouvoir, sans
    faillir, faire face aux exigences qui nous attendent à l’horizon.
    L’occasion est certes belle pour les décideurs de ce pays d’adopter une politique
    générale des transports, favorable au déplacement par le métro, apportant ainsi
    un solide soutien au défi que le pays doit relever en matière de dépendance
    croissante par rapport aux énergies importées et non renouvelables. Un exemple
    d’une telle occasion se présente sous la forme de droits d’entrée pour des
    automobiles dans les villes du pays. Singapour nous montre la voie dans ce
    domaine. Une belle occasion pour les hommes politiques de ce pays d’oser
    proposer à l’opinion publique un projet visant le bien de la population tout
    entière. Qui d’entre eux aura ce courage-là ?
    Dans ce contexte, il est bon de citer l’exemple d’un réel combat qui se développe
    en France en ce moment, c’est celui qui oppose des syndicats et autres forces

    vives au Président Macron au sujet de la date de départ à la retraite. Grâce aux
    progrès de la médecine, l’espérance de vie est en hausse en France, la logique
    indique donc que la vie active est en mesure de se prolonger, sinon de plus en
    plus de personnes âgées deviendront dépendantes des forces vives, alors que le
    nombre de celles-ci suit une courbe descendante, suite à des faibles taux de
    fertilité. Voilà bien un exemple où un jugement établi à partir de la physionomie
    de l’économie à long terme requiert à court terme une décision rigoureuse, mais
    celle-ci déclenche l’opposition des court-termistes.
    Dans ce même ordre d’idées, il y a lieu de rappeler la situation mauricienne par
    rapport à la démographie. Comme en France, l’espérance de vie se prolonge,
    alors que le taux de fertilité est inférieur à 2, c’est-à-dire que la population de la
    République a pris une courbe descendante. En conséquence, le développement
    du pays court le risque réel de manquer de ressources humaines pour poursuivre
    sa route. Il faudra faire appel à une main-d’œuvre étrangère, avec toutes les
    conséquences d’ordre social que cela peut entrainer. Le long terme exige que,
    sans tarder, soient mises en place par le pays des mesures susceptibles de
    renverser la tendance baissière du taux de fertilité.
    D’une manière générale, quand on revient à la présente situation à Maurice, il est
    bon de se poser la question de savoir si, à terme, nous avons les moyens de nous
    doter de tous ces travaux publics , que nous entreprenons depuis quelques
    années, tels que les ponts et chaussées et de nouvelles routes. Leur utilité n’est
    guère remise en question, mais le poids de leur financement dans l’endettement
    public est une nette indication que ces facilités modernes doivent être un appât
    pour attirer des entreprises susceptibles de générer des activités économiques et
    susceptibles de soulager les déficits chroniques de notre balance commerciale et
    de contribuer au Trésor public à travers des taxes.
    Ne nous laissons pas surprendre comme l’a été la belle châtelaine qui, après avoir
    dépensé toute sa fortune, n’avait plus les moyens de rétribuer son personnel
    d’entretien. Assurons-nous que l’appât du moment ne se mue pas en des soucis
    de demain.
    4. Les choix d’ordre politique
    Cette réflexion nous mène à la quatrième et dernière partie de cette analyse sur
    le court termisme. Il s’agit des choix d’ordre politique. Ils seront analysés à partir

    de deux perspectives : celle du peuple électeur et celle des candidats à une
    élection.
    L’électeur a tendance à tomber dans le piège des bienfaits que lui promet le
    candidat pour bientôt, sinon tout de suite. Une expression anglaise est devenue
    populaire dans ce contexte : what’s in it for me ? C’est ainsi que l’on porte son
    choix sur le candidat qui s’avance le plus en termes de promesses réalisables le
    plus vite possible. Quant aux conséquences pour la mise à disposition des
    bienfaits et leur financement, on préfère les ignorer, car de toute manière, ce sera
    la responsabilité des candidats s’ils sont élus. Et quand ceux-ci sont effectivement
    aux commandes, il leur arrive de se heurter à des blocages quant à la réalisation
    qu’ils s’étaient abstenus de considérer avant d’annoncer leurs promesses. Mais
    pourquoi s’en faire : le candidat a été élu, c’était la priorité. Et l’électeur qui
    s’excitait déjà à l’idée du pactole promis en sera quitte pour ses frais.
    Mais l’élu, devenu gouvernant, a une carte à abattre, celle qui a été immortalisée
    par le poète satirique romain Juvenal, il y a deux mille ans. La porte de sortie
    pour l’élu en mal de réalisation de ses promesses, c’est d’offrir à ses mandants,
    devenus aussi ses administrés, du pain et des jeux (panem et circenses), ce qui,
    espèrent-ils, calmera leurs déceptions.
    Et c’est ainsi que le manque de considération des caractéristiques du court terme
    et de ses pièges est susceptible de fausser le jeu démocratique. Aux électeurs
    d’en être très conscients : avant de se rendre aux urnes, il est de leur devoir, en
    tant que citoyens honnêtes et responsables, d’étudier le programme du
    candidat ou du parti, selon les cas, et puis de voter pour celui qui, après étude,
    analyse et interrogation du candidat, parait le plus susceptible d’être réalisé
    pour le plus grand bien du pays. Autrement dit, la perspective est celle du bien et
    du progrès du pays dans son ensemble, et non celui du seul électeur et de son
    candidat favori. La réussite de la démocratie est à ce prix. Et que l’électeur qui
    choisit d’ignorer ces gardes fous ne s’en plaint pas subséquemment ! Il aura par
    insouciance ignoré les pièges qui lui étaient tendus par des candidats, experts à
    privilégier le court terme et à minimiser les conséquences, parfois désastreuses,
    du long terme.
    En guise de conclusion

    La conclusion saute aux yeux. Nous avons considéré quatre situations,
    notamment les choix des jeunes, ceux des possédants, le type de politique de
    développement soutenable dans le temps, et enfin, ceux respectivement des
    gouvernants et de leurs administrés. Dans tous ces cas, il est évident qu’il y a
    toujours des risques à mettre l’accent sur le court terme, soit en le privilégiant,
    soit en feignant d’ignorer des conséquences et des bienfaits du moyen et du long
    terme.
    Faisons, une fois encore, appel à la sagesse de La Fontaine et de sa proverbiale
    tortue qui rappela au non moins proverbial lièvre que rien ne sert de courir, il
    faut partir à point.
    Pierre Dinan
    Ton interview dans Bizweek
    INTERVIEW « Il y a un précipice qui nous attend…»
    A l’issue du forum sur l’impact du changement climatique sur la sécurité
    alimentaire organisé par le Mauritius Institute of Directors et la British High
    Commission à Maurice le 31 janvier dernier, les invités ont eu droit à une séance
    de questions-réponses. Pierre Dinan, économiste, est intervenu pour partager
    une réflexion : pourquoi importons-nous des matières premières de pays
    lointains comme le Brésil alors que cela se répercute sur le prix des aliments et
    sur l’inflation ? Il a également évoqué le besoin de mieux développer nos
    secteurs maritime et agricole, bien que, selon lui, nous ne pourrons pas
    vraiment être autosuffisants. H.B Pierre Dinan, économiste
    Il faut que nos industriels aient de l’imagination. Evidemment,
    on n’est pas là pour changer les habitudes des gens du jour au
    lendemain, mais il faut s’adapter à la situation économique
    telle qu’elle est.
    On ne demande pas aux Mauriciens d’être comme les grands
    papas d’hier et de passer leur temps dans les champs. On
    demande que ce soit une agriculture menée par des jeunes qui
    ont eu une formation, et qui savent ce qu’ils font. “ ”
    Lors du forum organisé par le Mauritius Institute of Directors et le haut-
    commissariat britannique à Maurice le 31 janvier, il a été principalement

    question du changement climatique et de la sécurité alimentaire. Quel est votre
    point de vue sur ces thématiques ? Avant d’aborder le changement climatique, je
    pose la question aux Mauriciens : sommes-nous en mesure de ne vivre que de ce
    que nous produisons ? Probablement oui, mais cela dépendrait d’un changement
    de nos habitudes. Et nous aurions, à mon avis, à nous moderniser en élevage, en
    pisciculture, en pêche et tout le reste. Je tire de cette réflexion que nous avons
    besoin, pour vivre ici, d’importer. Cela dit, il ne faut pas, effectivement, que nous
    délaissions nos terres et nos mers. C’est là le problème à Maurice. Nous avons des
    habitudes. Nous consommons, par exemple, beaucoup de riz que nous ne
    produisons pas. Nous avons des ressources maritimes à notre disposition, y
    compris celles mises à notre disposition par les Nations unies, et nous importons
    une partie de notre poisson des Seychelles… Nous devons vraiment mettre nos
    ressources maritimes à contribution et les développer de manière intelligente.
    Pas seulement celles autour de l’île, mais aussi celles protégées par les Nations
    unies. Il y a du travail à faire. Il faut savoir exploiter ces ressources. Pour ce faire, il
    doit y avoir un programme national avec les autorités publiques qui accorderaient
    des facilités aux exploitants privés. Il faut également former les pêcheurs de
    manière professionnelle. Trop souvent, on les considère comme des ‘ti dimoun’.
    On doit honorer leur métier. De l’autre côté, il y a le secteur agricole. Encore une
    fois, on doit aider financièrement et enseigner les bonnes méthodes de
    mécanisation. Il y a tout un travail à mener au niveau de la politique agricole. Il
    faut enseigner aux jeunes comment exploiter ce secteur.
    Vous êtes intervenu à la fin du forum pour faire part d’une réflexion : pourquoi
    importer de pays lointains, alors que nous pouvons essayer de voir plus près de
    chez nous. Pouvez-vous élaborer là-dessus ? Effectivement. Pourquoi une partie
    de nos terres ne seraient-elles pas dédiées à la culture de maïs, qu’on pourrait
    transformer avec tous les mélanges qu’il faut ? Il y a d’autres produits qui peuvent
    être utilisés pour nourrir les animaux. Je dis cela car lorsque nous importons de
    pays lointains, cela nous revient à plus cher et cela se répercute sur nos prix et sur
    les consommateurs. Si nous importons de pays plus près de chez nous, l’effet sur
    les prix sera moindre. Vous savez, pendant la guerre, on consommait de la patate
    au lieu du riz. Les Mauriciens aimant tellement leur riz, il y avait une petite
    industrie – à Richelieu je crois – qui convertissait la patate en grains. Il faut aussi
    avoir de l’imagination… Nous ne pourrons jamais être autosuffisants en riz ; on est
    probablement trop petit. Quelqu’un avait commencé à cultiver le riz à Maurice,
    mais ça n’a pas marché. Il faut que nos industriels aient de l’imagination.
    Evidemment, on n’est pas là pour changer les habitudes des gens du jour au

    lendemain, mais il faut s’adapter à la situation économique telle qu’elle est. On ne
    demande pas aux Mauriciens d’être comme les grands papas d’hier et de passer
    leur temps dans les champs. On demande que ce soit une agriculture menée par
    des jeunes qui ont eu une formation, et qui savent ce qu’ils font. Est-ce
    uniquement en riz qu’on ne pourra pas être autosuffisant ? Il y a un précipice qui
    nous attend. Nous ne pourrons pas, en gros, être autosuffisants. Oublions l’idée
    de ne plus importer quoi que ce soit. Ce serait ridicule. On ne peut pas tout faire.
    On est un petit pays. C’est pour cela que je demande pourquoi on ne va pas voir
    plus près de nous ? C’est-à-dire comment Madagascar ou l’Afrique du Sud peut
    nous aider ; et non le Brésil, qui est très éloigné. Nous avons toujours importé du
    bœuf de Madagascar. Auparavant, il y avait aussi le riz, mais Madagascar n’en
    produit plus maintenant. Il est nécessaire de prendre les choses en main au
    niveau de l’Etat, du pays, et d’avoir une vraie politique d’alimentation. L’African
    Continental Free Trade Area (AfCFTA) est déjà opérationnelle. Pourrons-nous
    changer quelque chose à travers cette zone de libre-échange ? Absolument !
    Pourquoi pas ? Nous considérons la zone de libre-échange davantage comme une
    passerelle pour que l’Inde et la Chine puissent accéder à l’Afrique à travers
    Maurice. Il existe en effet un aspect commercial en ce sens pour Maurice, mais il
    faut aussi voir plus grand. Pourquoi ne pas se tourner vers les grands pays comme
    le Kenya, par exemple, pour s’approvisionner en bétail ? Bien que nous n’ayons
    pas réellement quelque chose à leur vendre en retour…
    Abordons une question économique. La Banque de Maurice a implémenté un
    changement pour passer du Key Repo Rate au Key Rate. Comment avez-vous
    accueilli ce changement ?
    Je crois qu’il faut commencer par la définition. On ne se rend pas compte qu’une
    banque commerciale peut se retrouver avec un manque de liquidités. Elle reçoit
    de l’argent, et elle investit. De par le monde, les banques centrales mettent à la
    disposition des banques certains fonds pour ce qu’on appelle l’‘overnight
    financing’. Mais la banque centrale va frapper la banque commerciale d’un intérêt
    à travers le Key Repo Rate. En d’autres termes, la banque centrale va reprendre
    son argent, mais avec un intérêt. Et la banque commerciale, ayant été frappée
    d’un intérêt X, est obligée de répercuter cela sur sa clientèle. Lorsque la banque
    centrale augmente le Key Repo Rate, la banque commerciale a un intérêt plus
    élevé à payer. Aujourd’hui, la Banque de Maurice vient dire qu’il n’est plus
    question de Key Repo Rate, mais de Key Rate. Mon interprétation, c’est que le
    Key Rate est accompagné du Bank of Mauritius Bill (BoM Bill). Auparavant, nous
    n’avions pas de BoM Bill, mais le Treasury Bill. Ce dernier est émis par le

    gouvernement, et l’argent va dans les caisses du gouvernement. Désormais, la
    banque centrale émettra des bons (BoM Bill) aux plus offrants. Donc, elle peut
    jouer pour essayer de fixer ce taux d’intérêt. Je l’ai bien accueilli, et je vous dis
    pourquoi. Tout ce changement, c’est pour mieux contrôler l’inflation. Et c’est
    accompagné d’une décision de la Banque centrale qui nous dira quelle est la
    fourchette d’inflation qu’elle cherche à maintenir. Il n’y avait pas ça auparavant.
    Elle va communiquer cela et c’est une très bonne chose de savoir qu’elle
    travaillera en fonction de tel taux d’intérêt.

    25/03/2023 Pierre DINAN