La politique monétaire mauricienne - Un nouveau visage
La politique monétaire mauricienne
Un nouveau visage
Depuis le 16 janvier de cette année, la Banque de Maurice a remplacé le
key repo rate par le key rate .L’observateur non averti risque de croire à un
petit jeu de mots de la part des autorités monétaires de ce pays. Ouvrons
le dossier pour comprendre qu’est-ce qui a changé. On pourra aussi se
poser la question du pourquoi de cette réforme. Car il s’agit, bel et bien,
d’une réforme.
L’expression écourtée : Key Repo Rate(KRR) désigne le taux d’intérêt
auquel une banque centrale intervient pour aider une banque commerciale
dans la gestion de ses liquidités au jour le jour. (Le terme repo est une
abréviation de repossession par la banque centrale de facilités qu’elle a
mises à la disposition d’une banque commerciale à la demande de celle-
ci).
- Baisser le taux, et la banque commerciale subit une charge d’intérêts
amoindrie. La banque est ainsi encouragée à financer davantage ses
clients emprunteurs.
-Hausser le taux, et la banque commerciale subit une charge d’intérêts plus
élevée, et se voit avec des disponibilités réduites pour financer ses clients.
Tel est l’objectif de la fixation périodique du KRR.
Contrairement à ce qui prévalait jusqu’ici, le MPC (Monetary Policy
Committee) devra annoncer d’avance dans quelle fourchette elle cherche à
maintenir le taux d’inflation. C’est une pratique qui prévaut dans plusieurs
pays, notamment aux Etats-Unis et en Europe. Et c’est un pas dans la
bonne direction, surtout en termes de transparence, mais aussi comme un
outil mis à la disposition des investisseurs, par rapport aux décisions qu’ils
sont appelés à prendre dans la gestion de leurs affaires.
Et cerise sur le gâteau : lorsque viendra le moment de comparer les
résultats réels d’une période donnée aux objectifs correspondants, les
autorités monétaires seront bien obligées de fournir des explications, en
cas de différences majeures entre la réalité et les objectifs. Cet exercice
facilitera la prise de décisions pour la période à venir, soit la poursuite
actuelle de la politique monétaire, soit des modifications.
Quel est donc le motif de cette réforme ? Et pourquoi cela au moment où
nous cherchons les moyens de relancer notre économie après les pannes
occasionnées par COVD ?
On peut penser que celle-ci prend sa source dans les soubresauts qu’a
connus la Banque de Maurice dans le sillage de la pandémie, notamment
la cohabitation illégitime de la politique monétaire et de la politique fiscale,
au grand dam du Fonds Monétaire International, qui fait fonction de gardien
des bonnes pratiques .Comme déjà évoqué, la transparence qu’implique le
nouveau système permettra de rectifier le tir (par rapport à l’inflation) dans
les meilleurs délais, menant ainsi à une politique monétaire indépendante
des considérations de la politique fiscale, laquelle est la responsabilité de
ministère des Finances.
A lire le communiqué officiel de la Banque de Maurice, l’objectif apparait comme
étant de renforcer le pouvoir de la Banque Centrale sur la maitrise des taux
d’intérêt, et par conséquent, du taux d’inflation. D’ailleurs, elle dispose
désormais d’un outil, le BOM Bill qui sera émis tous les sept jours et qui lui
permettra, sans perdre de temps, d’en moduler les montants offerts aux banques
et autres investisseurs, ainsi que les conditions d’émission. Ce sera donc plus
rapide que les Treasury Bills qui ont une durée de 91 jours.
Attendons-nous, donc, à davantage de transactions par rapport à ces BOM Bills ,
avec comme conséquence une gestion plus serrée des liquidités à travers le pays.
Il va sans dire que la nouvelle politique monétaire ne devra, en aucun prix,
s’acoquiner avec la politique fiscale.
A chacun son troupeau, et les vaches seront bien gardées !
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