Des cadeaux en veux-tu en voilà
Des cadeaux en veux-tu en voilà
Nous aimons tous recevoir des cadeaux.
-A l’approche du 25 décembre, le petit enfant rêve au Père
Noël.
-Lorsque nous fêtons notre anniversaire, nous nous attendons
tous à recevoir un présent de nos proches.
-A l’occasion d’un évènement majeur dans notre vie, par
exemple lors d’un succès dans nos études, ou lors de la
célébration de nos noces, nous nous attendons encore à être
honorés ou gâtés par nos parents, nos amis, nos collègues…..
C’est ainsi que les cadeaux sont, soit une marque d’affection,
soit une moyen élégant d’exprimer des félicitations à nos
parents, nos amis, nos collègues…
Ces cadeaux-là sont offerts en toute amitié et sans aucune
arrière-pensée d’un retour de manivelle en faveur du donateur.
La langue anglaise a pourtant développé une expression
percutante qui interpelle et qui se dit ainsi : there is no free
gift. Autrement dit, celui qui offre un cadeau a une arrière-
pensée, notamment celle de recevoir, dans un avenir plus ou
moins proche, une faveur de celui ou de celle qui en a été le
récipiendaire. La langue française exprime cette situation à
merveille : c’est du donnant donnant.
Il ne viendra à personne d’appliquer ces deux expressions
anglaises et françaises aux exemples des cadeaux offerts dans
les diverses circonstances énumérées ci-dessus. Mais quelles
sont donc les situations visées par ces expressions qui mettent
à mal les intentions des donateurs ?
Des exemples puisés de l’actualité de notre pays nous
permettent de répondre à cette question. Ils sont repérables
dans le monde des affaires et dans celui de la politique.
-Certaines entreprises ont développé l’habitude de faire de la
publicité pour un article donné, en offrant, simultanément et
en prime, un autre article. Le client potentiel visé par cette
publicité est en droit de se demander pourquoi l’article en
question n’est pas offert à un prix net, c’est-à-dire son prix
normal, duquel on aura déduit le coût du cadeau.
-Un autre « cadeau » prend la forme de délais de paiement, le
vendeur se gardant bien de vous communiquer le coût des
intérêts qu’il a incorporés au prix auquel est offert l’article en
question. Si le commerçant est disposé à vous accorder du
crédit, c’est bien son droit, mais qu’il vous le révèle, et qu’il
s’abstienne de vous « offrir »un cadeau.
Venons-en, maintenant, à des cadeaux offerts par ceux qui,
lorsque se présentera l’occasion, viendront nous solliciter pour
glisser dans l’urne notre bulletin de vote en leur faveur. En voici
quelques exemples récents, tels que rappelé par le ministre des
Finances dans son récent discours du budget :
- Un cadeau anniversaire de 20 000 roupies destiné à
quelque 15 000 jeunes à l’occasion de leur accession à la
majorité.
- Une allocation mensuelle de 2000 roupies à quelque 200
000 ménages, et de 1000 roupies à quelque 150 000
autres
- Un rabais de 1000 roupies pour 7000 contribuables ayant
à honorer les termes d’un emprunt sur leur maison
- Un monthly child support égal à 2000 roupies pour 48 000
contribuables
- Un revenu minimum garanti de 15 000 roupies pour 85
000 personnes
- 4 000 nouveaux emplois dans les secteurs publics et privés
- Des pensions accrues pour 350 000 bénéficiaires
- Des baisses d’impôt sur le revenu pour 150 000 assujettis.
Beaucoup de cadeaux, comme on peut le constater.
Il est évident que plusieurs des mesures précitées peuvent être
justifiées, d’une manière ou d’une autre, mais lorsqu’on les
place dans un contexte de déficit budgétaire chronique et
d’endettement public élevé, on doit se rendre à l’évidence que
ces cadeaux-là sont un poids additionnel pour l’ensemble de la
nation. Et on ne peut s’empêcher de penser que la poursuite,
dans le temps, de ce genre de politique généreuse pourrait
mener à une situation où viendrait à l’esprit que les cadeaux
étaient empoisonnés. Et qu’il n’y aurait d’autre solution que de
resserrer les vis !
Toutes ces considérations mènent à la réflexion suivante.
Sachons réagir en adulte ! Contrairement au petit nourrisson
qui cessera de pleurer lorsqu’on lui tendra une sucette à la
place du biberon, assurons-nous que le cadeau qui nous est
offert est franc de toute arrière –pensée du donateur. Et c’est
ainsi que nous ferons preuve de sagesse si, plutôt que de nous
réjouir aux seuls avantages immédiats, nous nous astreignons
à analyser les conséquences, dans le temps, des évènements
que nous sommes appelés à vivre. Autrement dit, à bas la
réaction à court terme, et place à des considérations à moyen
et à long terme. Cessons aussi de vivre comme des
quémandeurs auprès des autorités et sachons nous organiser
pour gagner notre vie comme des citoyens adultes et fiers de
l’être.
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