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  • Autour des nouvelles mesures économiques annoncées par l’Alliance de l’Opposition, Ptr-MMM, le 1 er Mai dernier

    Autour des nouvelles mesures économiques annoncées par l’Alliance de

     l’Opposition, Ptr-MMM, le 1 er Mai dernier

     

    1. Etimez-vous que les 20 mesures, notamment celles liées à l’économie,

     ont  démontré le sérieux d’une opposition parlementaire qui prépare

      l’alternance au sommet de l’Etat ?

    Les mesures économiques qui sont préconisées se déclinent en des

     offres monétaires visant au mieux-être de la population. C’est,

     tout à fait, le rôle d’une opposition à un gouvernement de venir de

    l’avant avec des propositions qu’elle juge plus favorables que celles

    qui sont actuellement en vigueur. Cela fait partie du jeu démocratique,

    lequel permettra aux électeurs d’exprimer leurs choix par rapport à ce

    qui est et à ce qui est promis. Toutefois, pour que ce jeu démocratique

    le soit vraiment- et cela pour le bien de la population tout entière -, il y

    a lieu d’éclairer les électeurs quant aux moyens, présents et à venir,

    dont disposera le prochain pouvoir pour honorer ses engagements.

     

    2. Une bonne partie de ces mesures ont trait au pouvoir d’achat des

    ménages et visent à apporter des solutions pour les soulager

    financièrement, notamment ceux au bas de l’échelle mais aussi aux

    familles appartenant à la classe moyenne. On pense particulièrement au

    combat contre les augmentations de prix, les baisses de prix sur

    l’essence, le diesel, les médicaments, l’électricité, la gratuité du

    transport en commun, l’abolition de la taxe sur la pension ainsi que sur

    les revenus annuels de Rs. 1 million, entre autres. Comment peut-on

    qualifier ces mesures : populistes, démagogiques ou du bon sens à

    condition de trouver les moyens de leur financement.

    Votre question contient déjà la réponse : ces mesures vont dans le bon

    sens, mais puisque chacune d’entre elles comporte, soit des

    abattements fiscaux, soit des offres de gratuité de transport public,

    soit des baisses de prix de certains services ou biens essentiels, il faut

    se poser la question de savoir si le Trésor Public a les moyens

    (1) de se passer de ces revenus fiscaux, et

    (2) d’offrir à la population tout entière des biens et services

    essentiels à des prix plus abordables que jusqu’ici.

     

    Le Trésor Public doit faire le plein de ses finances afin qu’il puisse

    honorer ses engagements. A part des dons reçus d’institutions et de pays

    étrangers, des sommes relativement minimes, le Trésor Public compte

    nécessairement sur les rentrées fiscales, telles que les droits de douane,

    l’impôt sur les revenus et la TVA. Tout déficit entre les recettes et les

    débours doit être financé par des emprunts auprès du public, surtout dans

    des pays étrangers.

    Car ce qu’il est important de rappeler, c’est que l’économie d’un pays

    est bâtie, non sur la gratuité, mais sur la production de biens et de services

    par la diversité de ses composantes, selon leur nature, leurs

    capacités et leurs aptitudes. C’est pourquoi la question à se poser est la

    suivante : comment le pouvoir et ceux qui aspirent à le remplacer

    envisagent-ils de mettre à pleine contribution toutes les ressources de ce

    pays, notamment celles de la population active, les ressources marines et

    terriennes, sans oublier les particularités de notre climat ensoleillé ?

    L’objectif doit être d’atteindre un PIB (Produit Intérieur Brut) plus

    élevé que maintenant.

    Produisons d’abord, partageons ensuite ! Telle devrait être la

    caractéristique de tout gouvernement qui entend gouverner un pays pour le

    bien durable de tous ses citoyens.

    Si nous refusons de nous conformer à cette inéluctable vérité, nous

    devenons de plus en plus dépendants des importations pour assurer nos

    besoins domestiques, notre stock de devises étrangères s’amenuise et nous

    voilà obligés de les vendre à bas prix, ce qui nuit à la valeur de la roupie et

    alimente l’inflation importée. Cela a un nom : c’est le cycle infernal, et il est

    le résultat de notre imprévoyance, celle de dépenser sans nous soucier des

    revenus à produire d’abord afin d’en trouver les moyens !

     

    3. Face aux premières critiques du gouvernement et des spécialistes de la

    finance sur le coût financier de l’exécution de telles mesures,

    l’Opposition réplique qu’il aurait des économies par milliards à réaliser

    sur le train de vie de l’Etat et sur des abus et autres largesses relevés

    chaque année par le directeur de l’Audit. Que pensez-vous ?

    Faisons confiance au Directeur de l’Audit et à son équipe de

    professionnels. Leur signalement annuel sur une utilisation

    inconsidérée, sinon abusive, des ressources publiques en dit long sur

    leur jugement de la gouvernance publique dans notre République.

    L’Opposition a précisé ce qu’elle envisage d’offrir aux électeurs. Elle a,

    maintenant, le devoir, de préciser ce qu’elle envisage de faire pour

    mettre fin aux abus perpétrés par la présente gouvernance. Les

    rapports annuels du Directeur de l’Audit leur seront d’une grande aide.

    Les électeurs seront heureux d’obtenir les précisions quant aux

    mesures de redressement et/ou d’économie envisagées par

    l’Opposition.

     

    4. Est-ce qu’on peut déjà chiffrer les implications fiscales de ces mesures ?

    La question est pertinente, mais elle doit être posée à ceux qui

    proposent ces nouvelles mesures. Toutefois, ce qui est indéniable, c’est

    que certaines d’entre elles entraîneront des débours additionnels à

    partir des finances publiques, alors que d’autres constitueront des

    réductions de ces mêmes recettes par rapport à la présente situation.

    Pile, je gagne, face tu perds.

    En gros, donc, moins de revenus en terme de finances publiques, d’où

    le point de vue exprimé ci-dessus à l’effet que toutes les ressources

    mauriciennes soient déployées le plus efficacement possible, résultant

    en un PIB plus conséquent que l’existant, ce qui automatiquement

    permettra un accroissement des revenus publics, et la possibilité, aussi

    bien de réduire des taxes, que d’accroitre des largesses à ceux qui le

    méritent.

    Autrement dit, la population tout entière doit mériter toute

    amélioration de son sort, selon ses capacités et ses moyens.

     

    5 .Estimez-vous que le congé de maternité d’une année, avec paie, puisse

    être à terme une solution à la crise démographique qui devrait être une

    réalité en 2040 à Maurice, selon des experts ?

    Un congé de maternité prolongé va dans le bon sens, dans l’espoir qu’il

    entraînera une hausse de la natalité, laquelle est nécessaire pour

    contrebalancer le nombre croissant de personnes âgées, résultant de la

     

    prolongation de l’espérance de vie dans le pays. Si le nombre de

    personnes âgées s’accroit, cela représente davantage de ressources

    d’aide à mettre à leur disposition. Ces ressources ont un coût, et elles

    affectent inévitablement le Trésor Public. Et recommence, alors, la

    chasse à des revenus accrus pour faire face aux dépenses plus élevées.

    On ne peut que souhaiter que le profil démographique de notre pays

    évolue vers le modèle d’une tour reposant sur une base solide et large,

    pour s’élancer vers un sommet de moindre dimension. Il faut en finir

    avec le modèle actuel, qui est celui d’un arbre plein de branches et de

    feuilles à son sommet, mais émergeant d’une base frêle et restreinte.

    01/05/2024 Pierre DINAN